Le porte-parole de Kremlin souhaite que les arsenaux français et britannique soient inclus dans les pourparlers de prolongation du traité de contrôle des armes nucléaires New START.
Dimanche lors d’un point presse, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov est revenu sur la proposition russe de prolonger d’un an le traité New START de désarmement nucléaire, qui doit expirer en février 2026. Cette fois, il a demandé que les arsenaux de la France et de la Grande-Bretagne soient inclus dans les négociations.
« Les négociations sur la réduction des armes nucléaires stratégiques doivent d’abord être menées entre la Russie et les États-Unis, mais les arsenaux de la Grande-Bretagne et de la France devront finalement y être inclus », a déclaré Dmitri Peskov.
« À long terme, on ne peut rester abstrait avec des arsenaux [européens]. D’autant plus qu’ils constituent une composante du problème global de la sécurité européenne mondiale et de la stabilité stratégique », a-t-il ajouté.
Le traité New START a été signé en 2010 par les présidents américain et russe de l’époque, Barack Obama et Dmitri Medvedev, pour remplacer le traité START I. Il a de nouveau été prolongé in extremis en 2021 pour cinq ans par Joe Biden. En 2023, la Russie a suspendu sa participation au traité dans le contexte de la guerre en Ukraine, tout en déclarant qu’elle continuerait à le respecter.
Cet accord, qui vise à éviter une prolifération nucléaire entre Washington et Moscou, limite la taille des arsenaux américains et russes à 1550 têtes déployées [le reste peut être stocké] et 700 lanceurs stratégiques. Mais ni la France ni la Grande-Bretagne n’ont jamais été partie à ce traité.
Et pour cause, les deux pays européens disposent d’arsenaux beaucoup plus petits que les États-Unis et la Russie. À ce jour, la France compte un peu moins de 300 têtes nucléaires, dont l’essentiel est déployé, et le Royaume-Uni un peu plus de 200, dont une centaine déployée. À titre de comparaison, la Russie et les États-Unis culminent à plus de 5 000 ogives, dont 1 700 déployées.
Depuis la fin de la Guerre froide, la France et le Royaume-Uni ont déjà considérablement réduit leurs stocks. Fidèle au principe de « stricte suffisance », Paris a renoncé à ses missiles stratégiques sol-sol S3, et Londres a tiré un trait sur la composante aéroportée de sa dissuasion nucléaire.
En juillet, les deux pays ont néanmoins signé une déclaration qui évoque pour la première fois la possibilité de recourir de manière « coordonnée » à « la puissance des forces nucléaires des deux nations », dans le contexte de désengagement américain de l’OTAN.
La proposition du président russe Vladimir Poutine de prolonger pour un an le traité New START a été qualifiée de « plutôt bonne » par la Maison-Blanche. Cependant, le président américain Donald Trump souhaiterait y inclure la Chine, dont l’arsenal augmente de manière exponentielle.
Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publié en juin dernier, le pays est passé de 290 armes nucléaires en janvier 2019 à 600 actuellement, soit une augmentation de plus de 100 % en six ans. À ce rythme, la Chine pourrait atteindre le seuil des 1 500 ogives nucléaires fixé par le New START en 2035.